Après six ans comme conseillère à Comines, Alice Leeuwerck accède au mayorat grâce au statut spécial. Elle entend être la bourgmestre de tous.
Alice Leeuwerck, 28 ans depuis le 15 décembre, occupe le bureau du bourgmestre depuis sa prestation de serment du 3 décembre. Elle prend ses marques et apprend à signer rapidement! Rencontre.
Dès que l’accord avec la tripartite a été scellé, Alice Leeuwerck a élagué une bonne partie de ses activités: «J’ai fait arrêter mon contrat au 30 novembre en tant que professeur à l’athénée royal de Comines. Avec un pincement au cœur, puisque je n’y étais que depuis deux mois et que je m’y plaisais vraiment bien. Je continue à gérer l’école de langues Alfa Academy, que j’ai créée en 2017, mais j’ai engagé de jeunes enseignants pour me remplacer. Je veux être bourgmestre à 100%!»
Un seul mot d’ordre pour la jeune maman de Paola: organisation: «Le problème est identique pour tous les parents qui travaillent. Le tout est de garder du temps de qualité pour soi et ceux qu’on aime. En plus, nous souhaitons travailler en équipe, en nous répartissant la tâche. Il n’est pas question de faire un marathon top chrono. Je préfère passer du temps au côté de nos nombreuses associations. J’estime avoir beaucoup à apprendre et je suis à l’écoute de la population; ce qui, à mon sens, est la première qualité d’un mandataire public.»
Elle s’habitue progressivement à serrer des mains: «Par nature, je suis assez timide; ce que certains assimilent à de l’arrogance ou du désintérêt, alors que ce n’est absolument pas le cas. En plus, comme je ne m’impose pas physiquement, l’effort est encore plus important. Toutefois, saluer la population est une marque de respect et je m’y applique. D’ailleurs, je mets plus de temps à faire les courses! Avant, acheter le pain me prenait deux minutes, aujourd’hui, je ne compte plus.»
«Je me sens très belge»
Dans sa famille, personne n’a jamais fait de politique. Sa passion est née d’un vif intérêt pour la «chose publique», mais aussi pour défendre des convictions: «J’ai toujours aimé donner mon avis et je n’aime pas que les autres décident à ma place. D’où mon engagement. Avec un père flamand et une mère wallonne, je me suis toujours sentie très belge et j’en ai nourri une passion pour mon pays. Je suis d’ailleurs blessée quand on me taxe de «proflamande». Je trouve que la mixité de la Belgique est une richesse; d’autant plus quand on vit à Comines-Warneton.
Lors de l’une ou l’autre manifestation récente, j’ai rencontré les bourgmestres des communes voisines et le fait que je peux m’adresser à eux dans leur langue n’est certainement pas négatif dans nos relations.»
Une politique d’ouverture qu’elle entend mener vis-à-vis de tous: «J’ai encore beaucoup à apprendre, je suis humble par rapport à la tâche, mais je veux être une bourgmestre au service de tous.»
À grands coups d’invectives, publiquement ou sur les réseaux sociaux, l’ancienne majorité Action fulmine contre la tripartite, Marie-Eve Desbuquoit en tête.
«Je comprends très bien son amertume et je reconnais parfaitement qu’elle a fait plus de 1000 voix que moi, mais c’est le jeu de la politique. Tout y est éphémère. Je considère que je suis engagée en CDD pour six ans et que mon supérieur, c’est la population.»
Elle s’en est fait une raison: on ne lui fera pas de cadeau: «Quand j’ai pris possession du bureau, il n’y restait même plus un bic! Je me demande d’ailleurs s’il est légal d’emporter du matériel qui appartient à l’administration communale. Même chose pour l’écharpe mayorale, que Marie-Eve Desbuquoit a fait payer avec les deniers communaux alors qu’il s’agit d’un objet privé. D’ailleurs, il faudrait qu’elle la rende parce que nous en avons besoin: si quelqu’un d’autre que moi devait célébrer un mariage, un deuxième exemplaire est nécessaire. Il est hors de question qu’on fasse payer les 200€ par le budget communal. Chaque euro compte! D’ailleurs, avec les quelque vingt membres du personnel engagé sans nouvelle fonction et le matériel acheté à tour de bras, le bas de laine a bien fondu ces dernières années!»
Mais d’autres peaux de banane ponctuent ses débuts: «Samedi, c’était la fête de la Sainte-Barbe des pompiers de Warneton et Ploegsteert et je n’ai pas été invitée! Le bourgmestre n’est-il pas le chef des services de secours?»
P photo parue dans «L’Avenir» et prise le 12 février 2008: l’étudiante de rhéto avait participé au parlement pour la jeunesse.
Alice Leeuwerck est née le 15 décembre 1990. Native de Bas-Warneton, elle est l’aînée de trois enfants. Ses sœurs, Manon (médecin) et Noémie (kinésithérapeute), sont jumelles.
Son père, Piet, est ingénieur civil et sa maman, Patricia, est prof de sciences au Collège de la Lys. Elle s’est installée à Comines, avec Fabricio Gonzalez, un Equatorien venu faire ses études d’ingénieur en Belgique, avec qui elle cohabite légalement. Leur enfant, Paola, est née le 4 mars 2018.
Après Saint-Henri, elle est bachelier en traduction-interprétariat à l’Institut Marie Haps avant de poursuivre par un master en études européennes, à l’ULB. En janvier 2016, elle devient collaboratrice parlementaire de Jean-Luc Crucke, puis Philippe Bracaval. Pour se rapprocher de Comines, le 20 septembre 2018, elle devient prof de langues à l’athénée de Comines. Pas pour longtemps…
Signalons qu’en plus d’être bilingue de famille, elle parle l’anglais et l’espagnol; de même qu’elle s’exprime en allemand et en portugais.
M-F.Ph. - L'Avenir |
jeudi 20 décembre 2018
Rencontre avec Alice Leeuwerck
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