Après six années comme conseillère, Alice Leeuwerck a accédé au mayorat à 27 ans. La libérale doit composer avec trois échevins de l’opposition.
D’où vous vient cette passion de la politique?
Ce n’est en tout cas pas un virus familial, car je suis la première à faire de la politique. Quand j’étais en rhéto, j’ai participé au parlement de la jeunesse et j’en suis revenue avec un sentiment mitigé. L’intérêt était présent, mais je craignais la lenteur administrative.
Diplôme en poche, je suis partie vivre un an au Pérou où j’ai découvert la pauvreté. J’ai d’ailleurs organisé une collecte où 300 kg de matériel ont été envoyés. De cette expérience, j’ai compris que la politique apportait une solution structurelle aux problèmes de la population bien plus profitable que l’aide ponctuelle.
Jusqu’à vous présenter aux élections de 2012!
Chantal Bertouille m’a demandé de participer au scrutin. J’ai accepté. J’ai toujours aimé donner mon avis et je n’aime pas que les autres décident à ma place. D’où mon engagement. Je suis quelqu’un de profondément libéral en ce sens que je défends la liberté de choix et de conscience, bien entendu dans les limites légales. Élue, je n’avais que 21 ans et j’étais aux études à Bruxelles, mais j’ai accompli très sérieusement mon travail de conseillère.
Six ans plus tard, tête de liste, vous devenez bourgmestre!
Au mois de mars, alors que je venais juste d’accoucher, j’ai été choisie comme tête de liste. La campagne a été éprouvante physiquement et psychologiquement. Le soir du 14 octobre, avec mes 1 150 voix, j’étais élue échevine. Nous sommes entrés en négociations, sans vouloir à tout prix le pouvoir. Et elles ont abouti à une majorité! Je crois très fort au destin! Aujourd’hui, je prends la fonction à bras-le-corps, même si j’ai mis du temps à me rendre compte que j’étais bourgmestre.
À cause du statut spécial, le collège se compose de trois échevins de la majorité et de trois de l’opposition. Comment se passe la cohabitation?
La situation n’est pas facile d’autant plus que l’ex-bourgmestre ff fait preuve d’une telle rancœur, d’une telle volonté de nuire! D’ailleurs, si j’ai des soucis de santé ou si je pars en vacances, le statut spécial prévoit que le poste soit occupé par la première échevine. Vous comprenez que je ne partirai pas en vacances et que je soigne ma santé! Par contre, en cas de congé de maternité, je peux choisir mon remplaçant! Toutefois, je prends la situation avec philosophie et vois le côté positif: cela nous force à connaître à fond nos dossiers.
Implantation
Clarebout: une erreur historique
Dans
des semaines marathon, Alice Leeuwerck enchaîne les réunions et
découvre les dossiers: «Nous
nous étions donné un mois d’analyse avant d’embrayer sur nos
projets. D’évidence, il faudra davantage de temps pour assainir
certaines situations, pour récupérer des catastrophes, car nous
trouvons des cadavres dans les placards. Un exemple: l’Office du
tourisme où le laisser-aller de la gestion a été effrayant.»
Autre
contrariété fumante: l’entreprise Clarebout: «Avoir
accepté l’implantation est une erreur historique, de celle que
l’on faisait dans les années 1960 où les nuisances étaient
sacrifiées sur l’autel de l’essor industriel. Le permis a été
octroyé et la société veut s’agrandir avec un deuxième
congélateur. Attendons que le dossier arrive au collège… Pour ce
qui est de la plateforme, Comines-Warneton est victime de la
stratégie géopolitique comme seul endroit de Wallonie où coule la
Lys. Notre marge de manœuvre est très limitée.»
Certains
projets lui tiennent à cœur: «Nous voulons aménager une
grande zone verte dédiée aux familles où l’on pourrait pratiquer
plusieurs activités: des jeux, mais aussi du jardinage, des fêtes
avec une salle de réception, etc. Nous cherchons à acheter des
prairies. Il manque également une salle de sports de qualité où
l’on pourrait recevoir dignement les clubs sportifs et les
supporters. La rénovation, avec agrandissement du site, de la salle
de Ploegsteert est une piste. Nous avons aussi dressé la liste de
vingt maisons vides, qui sont propriété communale, que nous
rénoverons en logements d’urgence. Ensuite, il y a l’ex-Blokker
destiné à abriter des services communaux.»
À
chaque fois, elle entend jouer la transparence en organisant des
réunions avec les citoyens, en informant au mieux la population
Alice Leeuwerck face aux échevins de l’opposition ÉdA Elle nous reçoit en baskets et en chemise de jeans. Elle a beau être bourgmestre d’une commune de 18 000 habitants, Alice Leeuwerck n’en reste pas moins une jeune femme de son temps. Derrière un parcours scolaire, professionnel et personnel exemplaire se cache une volonté de fer, mais aussi de faire. Une sorte d’hyperactivité qu’elle met au service de la société. Adepte du pragmatisme, elle ne considère pas que «tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes», surtout dans la situation particulière que lui impose le statut spécial. Elle ne possède pas de baguette magique, qu’importe: elle joue la carte du travail, de la transparence, de la diplomatie, de la solidarité et de l’optimisme. Et elle suit son destin, sa bonne étoile. Advienne que pourra. Bien sûr, cette vie-là n’est pas un long fleuve tranquille et nul n’est parfait, ni elle-même ni ses partenaires de majorité, mais cette tripartite fait assurément souffler un vent de renouveau sur une entité qui se sclérosait. Il reste à présent à tenir la distance, à joindre les actes aux intentions, avec une majorité fragile, des dossiers complexes et des terrains minés. D’évidence, Alice n’est pas au pays des merveilles, mais son enthousiasme et sa jeunesse font mouche. |
mercredi 20 février 2019
Alice Leeuwerck face aux échevins de l’opposition
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