Une commune a priori comme les autres. Ses maisons, ses briques, ses commerces, ses parcs, ses places et autres bancs publics, ses travailleurs, ses travaux, ses… ses panneaux! Voilà certainement ce qui la différencie, à première vue, des autres communes wallonnes: à Comines-Warneton, tous les panneaux de signalisation sont écrits en français et en néerlandais. Car un an après la fixation définitive de la frontière linguistique en 1962, Comines-Warneton est passée de la Flandre à la Wallonie, devenant une commune à "facilités linguistiques". Un régime qui doit garantir le droit de la minorité néerlandophone à être servie par l’administration communale en néerlandais. Les annonces officielles sont donc rédigées dans les deux langues, tout comme les panneaux.
Sur la porte de l’Hôtel de Ville cominois, une annonce est affichée dans les deux langues, comme toute information officielle à la population - |
Pour beaucoup de jeunes Cominois, l’emploi est justement "un sérieux problème", dit Jean-Paul, qui travaille non loin de la boucherie mais habite Houthem, un petit village du nord de la commune, où les néerlandophones sont nettement plus nombreux qu’à Comines même.
Dans un petit espace vert, non loin du centre culturel, il explique que c’est avant tout l’accès aux études qui est difficile, "à cause de cet isolement géographique". Pour rejoindre Tournai en train, il faut compter environ une heure suite aux nombreuses correspondances, et le double pour aller à Bruxelles."Or forcément, continue-t-il, l’immersion linguistique présente donc une solution idéale pour beaucoup de ces jeunes", et ouvre surtout "une porte sur l’emploi, car Comines ne peut pas offrir du boulot pour tout le monde".
Ce jeune garagiste partage entièrement cette idée: il n’a pas hésité une seule seconde avant de placer ses enfants dans un programme d’immersion.
A l’Institut Notre-Dame (IND) de Comines, l’apprentissage du néerlandais de façon intensive génère l’enthousiasme de nombreux parents. L’IND est la première école de Comines à avoir lancé l’enseignement en immersion linguistique, et ce dès la maternelle.
Guy Decoster, son directeur, explique qu’il a fallu petit à petit remplacer les enseignants par des néerlandophones, et aujourd’hui la majorité d’entre eux sont Flamands.
"C'était une nécessité", dit-il en précisant qu'en début de parcours, tous les écoliers passent par le programme d'immersion.
"Dès qu'on quitte Comines-Warneton on est soit en Flandre soit en France, et les opportunités de travail sont bien souvent en Flandre ", ajoute-t-il.
C’est ce que pense une jeune maman, postée avec les autres parents qui attendent en discutant que la sonnerie retentisse dans la cour de l’école. Elle est Française, et a voulu saisir pour sa fille"une opportunité qu’elle ne regrettera pas plus tard": "Nous habitons à un endroit où deux langues différentes sont parlées, je suis certaine que le fait de les connaître lui garantira un emploi plus tard", dit-elle en regardant sa petite fille d’un air complice.
Germain
Renier rtbf
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