La
Vice-Première ministre, ministre de l’Intérieur et de l’Egalité
des chances, Joëlle Milquet, a participé ce 29 avril au colloque «
Pour une sécurité sans frontière » organisé à
Comines-Warneton à l’initiative des gouverneurs du Hainaut et de
Flandre occidentale. La ministre a tenu à l’occasion du colloque
d’aujourd’hui à remercier vivement tous les acteurs pour leur
investissement en la matière. Dans le cadre de la lutte contre la
criminalité transfrontalière, beaucoup a été fait ces dernières
années et ces douze derniers mois en particulier.
Les
résultats sont là : non seulement en ce qui concerne les
différentes réalisations (patrouilles mixtes, image de la
criminalité, radiocommunications, etc.) mais aussi les chiffres de
la criminalité qui sont en baisse : les actes violents sont
notamment en diminution de manière générale. Même si la tendance
générale démontre que nous sommes dans la bonne voie et que la
coopération franco-belge porte ses fruits, il convient de rester
vigilant et de poursuivre les efforts.
1. Ratification
par la Belgique de l’accord de Tournai
La
ministre avait rencontré le ministre français de l’Intérieur de
l’époque, Manuel Valls, rapidement après son entrée en fonction,
le 5 septembre 2012, afin d’aborder la problématique de la
criminalité dans la zone frontalière entre la Belgique et la
France. Les deux ministres avaient alors décidé de donner une série
d’impulsions et de soutenir les efforts des acteurs locaux. Un des
éléments clés était la modernisation et le renforcement de la
base juridique de la coopération, ce qui a mené à la signature de
l’accord de « Tournai II » 7 mois plus tard, soit il y
a un peu plus d’un an.
La
procédure parlementaire de ratification est terminée au niveau
belge puisque cela a été voté par le Parlement mercredi dernier.
Cet
accord est essentiel car il apporte des solutions juridiques à des
problèmes très concrets auxquels sont confrontés les policiers de
terrain.
A
titre d’exemple :
· Poursuite
transfrontalière : l’accord renforce le cadre en
prévoyant un pouvoir d’arrestation par les policiers poursuivants
pour les infractions constatées sur le territoire de l’autre
partie même s’ils opèrent seuls, c’est-à-dire sans la présence
d’agents du territoire concerné.
· Un
renforcement des patrouilles mixtes (patrouilles composées tant
de policiers français que belges) : l’accord de Tournai
II renforce l’instrument des patrouilles mixtes en permettant ici
aussi un pouvoir d’arrestation sur le territoire de l’autre
partie dans le cadre d’une telle patrouille. Cela renforce
l’efficacité de la patrouille mais envoie aussi un signal très
clair sur l’intensité de la coopération dans les actions de
terrain.
· Une
capacité de mobilité transfrontalière renforcée : l’accord
permettra, par exemple, aux policiers belges qui ont effectué une
arrestation sur l’autoroute tout près de la frontière de
continuer leur trajet le long de l’autoroute jusqu’en territoire
français afin de pouvoir prendre la sortie la plus proche et faire
ainsi demi-tour. Jusqu’à présent, ce n’était pas possible et
engendrait de nombreuses difficultés opérationnelles.
·
Les policiers pourront aussi traverser le territoire de
l’autre pays pour se rendre d’un point à un autre de
leur propre territoire (ce qui permet par exemple aux policiers
belges d’éviter de devoir contourner la botte de Givet).
· La
remise des personnes (détenus ou personnes en séjour
illégal) se faisait jusqu’à présent le plus souvent aux anciens
postes frontières, ce qui posait des problèmes en matière de
sécurité. Elle pourra désormais se faire dans des locaux comme les
commissariats de police, d’une zone de police locale par exemple.
· Des
détachements de policiers : l’accord permet
désormais clairement la capacité de détachements de policiers de
part et d’autre de la frontière, mettant ainsi en place une
politique beaucoup plus ambitieuse pour la présence de policiers
belges dans les bureaux de la police ou la gendarmerie française et
vice-versa.
· Intervention
de la patrouille la plus proche en situation d’urgence : en
cas d’urgence ou lors d’accidents graves, l’intervention de la
patrouille la plus proche, qu’elle soit belge ou française, sera
désormais prévue afin d’assurer les premiers secours et de
sécuriser le site avant l’arrivée de l’unité territorialement
compétente.
· Extension
du champ d’application territorial de l’accord : l’accord
est étendu, pour la Belgique, à tout son territoire (alors qu’il
était jusqu’à présent limité aux provinces de Flandre
occidentale, du Hainaut, de Namur et de Luxembourg) et pour la France
aux départements de la Marne, du Pas-de-Calais, de la Moselle et de
la Somme (alors qu’il était limité actuellement aux départements
du Nord, de l’Aisne, des Ardennes, de la Meuse et de
Meurthe-et-Moselle).
2. Mise
en œuvre du plan d’action
Si
cet accord va permettre de franchir des étapes supplémentaires, les
ministres avaient tenu, au-delà des solutions juridiques, à dégager
des solutions pratiques, au travers d’un plan d’action, préparé
par les acteurs locaux français et belges et qui a été mis en
œuvre.
a) Une
image de la criminalité
Un
nouvel outil a été prévu dans ce plan d’action : il vise à
disposer d’une vision précise et à jour de l’évolution de la
criminalité dans la région frontalière, dans 4 « bassins »
(secteurs géographiques) différents. Il est notamment basé sur des
tables de correspondance entre les infractions belges et françaises.
C’est une solution pratique dont la ministre est convaincue de la
valeur ajoutée. La prochaine étape sera de tirer les
conclusions de cette image de la criminalité et de prévoir des
plans d’actions dans chacun des bassins concernés.
b) Radiocommunications
Pour
les deux ministres, français et belge, il était essentiel de
permettre aux policiers et aux gendarmes d’être en contact radio
de part et d’autre de la frontière. C’était une priorité du
plan d’action et ce système est maintenant opérationnel entre les
différents dispatchings de la police intégrée belge, la police
nationale et la gendarmerie françaises pour toute la partie ouest de
la frontière franco-belge. C’est un obstacle qui existait depuis
longtemps et qui est maintenant levé.
Lors
de sa prise de parole, Joëlle Milquet a insisté sur le fait de
poursuivre tous les efforts pour aller plus loin : permettre à
moyen terme d’avoir des contacts directs entre les patrouilles
belges et françaises et à long terme développer un véritable
« roaming » pour les services de police et de secours. Ce
qui a été accompli ces derniers mois et qui fonctionne représente
déjà un grand pas en avant.
c) Une
évolution du nombre de patrouilles mixtes
Les
patrouilles mixtes, associant des policiers français et belges, ont
également connu une intensification. Si on prend la région de
Comines qui a accueilli aujourd’hui cette conférence, on voit par
exemple que le nombre de contrôles sur les personnes à l’occasion
d’une patrouille mixte a augmenté de 50% en un an et que le nombre
de contrôles sur les véhicules a augmenté de 70%.
d) Autres
aspects positifs
Beaucoup
d’autres résultats ont été engrangés, à titre d’exemple :
-
Une formation commune va commencer prochainement pour 40 policiers et
elle portera sur la poursuite transfrontalière ;
-
De multiples coopérations dans la gestion des grands événements
qui se déroulent dans un cadre de plus en plus planifié et
structuré, qu’il s’agisse de participation de la police
belge à des événements français (Paris-Roubaix, le Tour de
France, les départs en vacances, etc.) ou l’inverse (notamment la
présence de policiers français durant les Conseils européens ou le
prêt de matériel pour le Doudou à Mons, etc.) ;
-
La cartographie commune est en phase de test, et donc presque
finalisée. Elle répertorie les points de passage, les postes de
police, etc. C’est un autre exemple d’outil très pratique qui
facilite le travail quotidien ;
-
Le renforcement du CCPD (Centre de Coopération Policière et
Douanière) : la ministre a décidé, en concertation avec la
Commissaire générale de la police fédérale, de renforcer les
effectifs de quatre équivalents temps plein à très court terme.
3. Le
développement des caméras ANPR
La
ministre est convaincue de l’utilité d’un recours plus efficace
à ces caméras intelligentes qui reconnaissant automatiquement les
plaques d’immatriculation (dites caméras « ANPR »),
tout en veillant à la protection de la vie privée. C’est la
raison pour laquelle les zones de police belges ont reçu des
soutiens financiers importants pour se doter de ces systèmes. Il
faut permettre une utilisation des données belges et françaises,
par exemple sur les véhicules volés, pour l’utilisation des
caméras. Le système n’est pleinement utile en effet que si un
véhicule volé en France peut être immédiatement signalé dans le
système belge de caméras intelligentes et inversement. La Belgique
vient de signer un accord dans ce sens avec les Pays-Bas et la
ministre espère que cela pourra bientôt se concrétiser également
avec les partenaires français.
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